De quoi s’agit-il ?
La polyarthrite rhumatoïde ou arthrite rhumatoïde est une maladie qui touche les articulations. Il s’agit d’une maladie auto-immune, ce qui signifie que le système immunitaire fabrique des anticorps qui se retournent contre son propre organisme. Dans le cas de la polyarthrite rhumatoïde, ces anticorps s’attaquent aux articulations. Les mains et les pieds sont souvent touchés, mais l’inflammation peut atteindre pratiquement toutes les articulations.
Polyarthrite rhumatoïde ou rhumatisme
La polyarthrite rhumatoïde est souvent appelée rhumatisme dans la langue populaire. Mais le terme « rhumatisme » regroupe en réalité pas moins de 200 maladies différentes. Cela peut donner lieu à une grande confusion. L’arthrose est, elle aussi, souvent désignée par le terme « rhumatisme », alors qu’il s’agit d’une affection totalement différente.
Évolution de la polyarthrite rhumatoïde
La polyarthrite rhumatoïde est une affection progressive, invalidante et incurable. Son évolution varie considérablement d'une personne à l'autre. Elle évolue en douceur chez certains, tandis que chez d’autres les crises de la maladie sont fréquentes et affectent et déforment les articulations.
L’instauration rapide d’un traitement adéquat améliore considérablement le pronostic de la polyarthrite rhumatoïde.
Autres affections associées à la polyarthrite rhumatoïde
Les personnes qui souffrent de polyarthrite rhumatoïde sont également davantage exposées au risque de maladies cardiovasculaires. D’une part, les inflammations articulaires occasionnent une artériosclérose, et d’autre part, le traitement (par corticostéroïdes) augmente le taux de sucre (glycémie) dans le sang.
Les autres affections susceptibles de se développer chez les personnes atteintes de polyarthrite rhumatoïde sont l’ostéoporose, la cataracte et le syndrome de Sjögren.
Quelle est sa fréquence ?
- Chaque année, environ 45 adultes sur 100 000 développent une polyarthrite rhumatoïde.
- Le risque de développer la maladie oscille entre 0,7 et 1,5 %, voire entre 3 et 5 % si l’un de vos parents proches en est atteint.
- L'âge est en moyenne de 65-70 ans au début de la maladie, mais deux tiers des patients développent la maladie avant cet âge.
- Deux patients sur trois sont des femmes.
- Le tabagisme multiplie par 2 le risque de polyarthrite rhumatoïde.
Comment la reconnaître ?
La polyarthrite rhumatoïde connaît généralement des débuts discrets et insidieux, caractérisés par une inflammation dans les petites articulations. Cette inflammation touche le plus souvent les petites articulations situées entre les doigts, l’articulation de la dernière phalange étant habituellement épargnée. Les poignets, les pieds et les chevilles sont, eux aussi, souvent atteints. Parfois, des plus grosses articulations - comme le genou ou le coude - sont également concernées. Dans la plupart des cas, les symptômes apparaissent tant du côté gauche que du côté droit.
Inflammations des articulations
Une articulation enflammée est rouge et gonflée, et elle peut être chaude au toucher. La raideur matinale est typique d’une inflammation des articulations : le matin, il peut vous falloir plus d’une demi-heure pour retrouver une certaine souplesse articulaire. Vous pouvez également en souffrir la nuit.
Le mouvement améliore les symptômes plutôt qu’il ne les aggrave.
Autres symptômes
En plus des articulations, les tendons peuvent également s'enflammer et des complications peuvent survenir en dehors du système articulaire, telles qu’une inflammation de l'œil ou la formation de nodules (bosses) sur la peau. Parfois, vous éprouvez des symptômes généraux tels qu’une fatigue, une légère fièvre et une sensation générale de malaise.
Comment le diagnostic est-il posé ?
Interrogatoire et examen clinique
Le médecin vous interroge sur les symptômes caractéristiques et sur la présence (antérieure) de ce type de plaintes parmi les membres de votre famille. Il vous soumet ensuite à un examen clinique pour détecter les éventuelles articulations enflammées.
Tests sanguins et autres examens
Pour obtenir plus de certitude sur le diagnostic, le médecin prélève généralement un échantillon de sang en vue de rechercher des traces d’inflammation dans le sang. Il peut demander des tests spécifiques pour la polyarthrite rhumatoïde, tels que le facteur rhumatoïde (FR) et les anticorps antinucléaires (anticorps anti-CCP). La présence de ces marqueurs dans le sang constitue un argument supplémentaire en faveur de la polyarthrite rhumatoïde, bien que ces tests soient négatifs chez un tiers des personnes atteintes de la maladie. Par ailleurs, les tests sont parfois positifs chez des personnes qui ne souffrent pas de polyarthrite rhumatoïde.
Si vous avez besoin d’une injection dans l’articulation pour soulager la douleur, le médecin prélèvera un échantillon de liquide synovial et l’enverra au laboratoire pour analyse.
S’il suspecte une polyarthrite rhumatoïde sur la base de ces examens, votre médecin vous orientera vers un rhumatologue.
Que pouvez-vous faire ?
Si vous présentez des symptômes compatibles avec une polyarthrite rhumatoïde, consultez votre médecin généraliste. Il vous examinera et vous orientera, si nécessaire, vers un spécialiste.
Si vous souffrez de polyarthrite rhumatoïde, prenez en compte les mesures suivantes :
- Essayez d’arrêter de fumer.
- Le sevrage tabagique peut avoir une influence positive sur les résultats du traitement.
- La polyarthrite rhumatoïde est en outre associée à un risque cardiovasculaire accru. Et le tabac augmente encore ce risque.
- Restez en mouvement malgré les douleurs articulaires.
- L’activité physique améliore considérablement les capacités fonctionnelles et n’a d’effet négatif ni sur les douleurs, ni sur les lésions articulaires. L’exercice physique peut aussi diminuer le risque cardiovasculaire.
- La pratique d’une demi-heure de vélo, de marche ou de nage par jour est, par exemple, une activité physique bien adaptée à la polyarthrite rhumatoïde. En parallèle, un entraînement de résistance est conseillé deux fois par semaine.
- Si nécessaire, un kinésithérapeute peut vous y aider.
- Prenez soigneusement vos médicaments.
- Si vous ne parvenez pas à prendre vos médicaments correctement, signalez-le à votre médecin.
- Si vous avez un désir de grossesse, informez-en toujours votre médecin.
- Différents médicaments spécifiquement utilisés dans la polyarthrite rhumatoïde ne peuvent pas être pris pendant la grossesse.
- Si vous êtes malade et/ou fiévreux, informez-en votre médecin.
- Certains médicaments contre la polyarthrite rhumatoïde diminuent vos défenses naturelles. Il est donc d'autant plus important de démarrer rapidement les antibiotiques appropriés en cas d'infection bactérienne.
- Si nécessaire, certains médicaments contre la polyarthrite rhumatoïde seront suspendus pendant un épisode de maladie sévère.
- Si vous devez subir une opération programmée, avertissez-en systématiquement votre médecin.
- Il peut aussi décider de suspendre le traitement en marge d'une intervention chirurgicale.
Que peut faire votre médecin ?
S’il suspecte une polyarthrite rhumatoïde pouvant expliquer vos problèmes articulaires, votre médecin vous orientera vers un médecin spécialisé (rhumatologue). Si le rhumatologue confirme le diagnostic, le traitement médicamenteux est démarré immédiatement, car il améliore le pronostic de l’affection.
ARMM
Les médicaments utilisés dans la polyarthrite rhumatoïde sont connus sous le nom d’antirhumatismaux modificateurs de la maladie (ARMM). Ils s'attaquent au processus inflammatoire sous-jacent, empêchant ainsi la dégradation des articulations.
- Le plus souvent, le traitement de base est une association de méthotrexate, de sulfasalazine et d’hydroxychloroquine, à laquelle on ajoute souvent de la cortisone pour réduire rapidement l’inflammation.
- Une fois que le traitement est démarré, vous devez régulièrement voir votre médecin pour des visites de contrôle. Il vous prélèvera régulièrement un échantillon de sang pour vérifier si la polyarthrite rhumatoïde est sous contrôle et si le traitement n’a pas d'effets indésirables sur d’autres organes.
- Les effets indésirables très fréquents sont les maux d'estomac, les troubles du foie et l’affaiblissement du système immunitaire, qui vous rend plus vulnérable aux infections.
Plus de la moitié des patients n’ont plus aucun symptôme 6 mois après le début des ARMM.
Agents biologiques
Si le traitement par les ARMM n’est pas efficace, vous pouvez prendre un autre type de médicaments : les agents biologiques.
- Leur effet est comparable à celui des ARMM, mais ils ont une activité plus spécifique contre certaines substances du système immunitaire.
- Il est impératif que vous n’ayez aucune infection (latente) sous-jacente au début du traitement.
Autres médicaments
- Si vous souffrez de douleurs, vous pouvez prendre des analgésiques supplémentaires sous la forme d’anti-inflammatoires (p.ex. l’ibuprofène).
- Si vous prenez de la cortisone de manière prolongée, vous présentez un risque accru d’ostéoporose. Le cas échéant, vous devez donc toujours prendre des suppléments de calcium et de vitamine D pour renforcer vos os.
- Si l’articulation est extrêmement douloureuse, le médecin peut faire une injection locale de cortisone dans l’articulation.
Chirurgie
Au vu des améliorations constantes du traitement médicamenteux contre la polyarthrite rhumatoïde, les interventions chirurgicales sont de moins en moins nécessaires. Si les radiographies révèlent un mauvais positionnement des articulations à cause des inflammations, vous serez orienté vers un chirurgien. Il évaluera la nécessité d'une intervention.
Il est possible d’opérer pratiquement toutes les articulations atteintes par la polyarthrite rhumatoïde. Différents traitements chirurgicaux peuvent être envisagés :
- le débridement : l’élimination du tissu nécrosé (mort) ;
- l’arthrodèse : le ‘blocage’ d'une articulation dans une position aussi fonctionnelle que possible ;
- l’arthroplastie : le remplacement de l'articulation par une prothèse.
Après une opération, la rééducation et l’entraînement adéquat des mouvements des articulations sont essentiels pour un résultat favorable.
En savoir plus ?
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