Panuwat Dangsungnoen
Lorsque le médecin vous prescrit des médicaments, il vous indique toujours une dose bien définie. Pour déterminer cette dose, il tient compte de votre âge, de votre poids et de vos éventuels problèmes de foie ou de reins. Cette dose est importante. En effet, si la dose est trop faible, les médicaments n’auront pas un effet suffisant et, si la dose est trop élevée, les médicaments peuvent provoquer une intoxication. Il est possible que votre corps ne tolère pas bien certains composants du médicament et que vous présentiez par conséquent des signes d'intoxication.
La plupart des cas d'intoxication se produisent essentiellement avec des médicaments qui peuvent entraîner une dépendance. Nous pensons aux calmants, aux somnifères, aux antidépresseurs, aux antipsychotiques et aux antidouleurs. Il existe aussi des médicaments qui sont administrés à de très faibles doses (certains médicaments pour le cœur), car la frontière est mince entre efficacité et toxicité. Ces médicaments impliquent également un danger.
Sur 10 000 personnes qui consultent un médecin généraliste, environ 1,2 souffre d'une intoxication médicamenteuse.
La plupart des intoxications médicamenteuses sont dues aux benzodiazépines. Ces médicaments ont un effet relaxant musculaire (myorelaxant), ils calment et diminuent l’anxiété (anxiolytiques) et aident à dormir (sédatifs). Certaines benzodiazépines ont une action rapide et de courte durée, d’autres ont une action lente et de longue durée. De nombreuses personnes ont tendance à prendre trop vite des benzodiazépines à action rapide, justement parce que leur effet est presque immédiat. Cela augmente naturellement le risque de surdosage mais, heureusement, leur effet disparaît rapidement. Les benzodiazépines à action lente restent par contre plus longtemps dans le corps.
Le risque d'intoxication est également plus grand lorsqu'elles sont associées à la consommation d'alcool et/ou à l’utilisation d'autres médicaments qui ont un effet sur l’état de conscience. Le principal symptôme d’une intoxication aux benzodiazépines est une somnolence, et parfois aussi une faible tension artérielle et un affaiblissement de la respiration. Un antidote peut être administré à l'hôpital. L'antidote n’est toutefois administré que dans des cas exceptionnels, car il peut être mortel en cas d'intoxication simultanée par d'autres médicaments ou l'alcool.
Ce sont surtout les antidépresseurs tricycliques (ATC), un sous-groupe d’antidépresseurs, qui représentent le plus gros risque d'intoxication. Un surdosage provoque une confusion, une dilatation des pupilles et une fièvre, ainsi qu'une augmentation du risque de troubles du rythme cardiaque. Les symptômes ne se manifestent parfois qu'après quelques jours. Ces antidépresseurs ralentissent la vidange de l’estomac. C'est la raison pour laquelle le traitement à l'hôpital inclut généralement un lavage d’estomac et l’administration de charbon pour absorber le médicament restant dans le corps.
Les inhibiteurs de la recapture de la sérotonine (ISRS) constituent un autre grand sous-groupe d’antidépresseurs. Ce groupe augmente la quantité et/ou la sensibilité de l'hormone appelée « sérotonine » dans le cerveau. Le plus souvent, il n’est question d’intoxication qu’en cas de prise d’au moins deux médicaments en même temps ayant cet effet, par exemple un antidépresseur délivré sur ordonnance et le millepertuis, une plante médicinale. Les symptômes légers incluent une transpiration excessive, des nausées, des problèmes urinaires, une confusion, une accélération du rythme cardiaque, etc. Les cas plus graves peuvent entraîner une température corporelle trop élevée, des spasmes musculaires et finalement des convulsions irréversibles, une hyperthermie, une pression dans le cerveau et la mort. Le traitement consiste à arrêter les médicaments responsables et à soulager les symptômes. Le syndrome sérotoninergique est un effet indésirable grave, qui peut être mortel, des ISRS. En présence de signes de ce syndrome, on commencera un traitement à l’hôpital, dans un service de soins intensifs.
Les antipsychotiques forment un groupe de médicaments qui agissent sur la dopamine, une autre substance du cerveau. Ils sont utilisés pour traiter les psychoses, principalement en cas de confusion, d'agitation et d'hallucinations. Une intoxication peut donner lieu à une diminution de la fonction cardiaque et de la respiration. Les autres symptômes d'intoxication sont la confusion, la dilatation des pupilles, la fièvre, la perte de conscience avec convulsions, un comportement anormal et des mouvements anormaux. Le traitement dépend des symptômes.
Les antidouleurs dont on peut devenir dépendants sont les opioïdes. Ils ont plus ou moins le même effet que la morphine. Une intoxication due à ces médicaments se manifeste par une altération de la conscience, un rétrécissement des pupilles, un affaiblissement de la respiration et, parfois aussi, des nausées et des convulsions. Le traitement de cette intoxication implique, lui aussi, l’administration de charbon. Pour les cas sévères, il existe un antidote (la naloxone).
D’autres antidouleurs tels que l’aspirine, le paracétamol et les anti-inflammatoires sont disponibles sans ordonnance, ce qui augmente le risque de surdosage :
pour l'aspirine, le danger est présent dès qu'un adulte de 70 kg en prend plus de 10 g par jour (ce qui correspond à 20 à 40 comprimés). L’intoxication se manifeste par des problèmes gastro-intestinaux tels que nausées, vomissements, diarrhée et maux de ventre, des bourdonnements d’oreilles, des convulsions, une perte de conscience, un faible taux de sucre dans le sang, une hyperventilation, etc. Le traitement cible les symptômes et, dans les cas graves, une dialyse rénale est parfois nécessaire.
le paracétamol donne également des signes d'intoxication dès qu’on prend plus de 150mg par kg de poids corporel (donc, environ 10g pour une personne de 70kg). Comme l'aspirine, il provoque des problèmes intestinaux. Dans la phase suivante, le foie arrête de fonctionner. Pour le traitement, on utilise un antidote (l’acétylcystéine).
les anti-inflammatoires non-stéroïdiens provoquent généralement une intoxication légère, principalement caractérisée par des problèmes intestinaux et, dans de rares cas, des symptômes graves tels que convulsions, insuffisance rénale et troubles de la coagulation.
Les médicaments pour le cœur sont généralement utilisés à très faibles doses. La frontière est souvent très mince entre efficacité et surdosage. Un tout petit surdosage peut donc déjà entraîner des symptômes d'intoxication. Mais cela est rare. Ce sont principalement les médicaments qui agissent sur la force de pompe et l'activité électrique du cœur qui causent les intoxications les plus graves ; les vasodilatateurs entraînent des intoxications moins graves.
Parmi ces médicaments, les bêtabloquants constituent un groupe largement utilisé. Ils ralentissent le rythme cardiaque et améliorent l’efficacité du muscle du cœur. Ces médicaments peuvent très rapidement (en seulement 30 minutes) provoquer un choc de la circulation sanguine, entraînant des symptômes tels qu'un rythme cardiaque trop lent, une tension artérielle basse, des crampes, un manque de sucre dans le sang, dans l’eau dans les poumons (œdème pulmonaire). Ils peuvent aussi déclencher ou aggraver une crise d’asthme.
Un autre groupe se compose des inhibiteurs calciques ; ils améliorent également le fonctionnement du cœur et dilatent les artères. En cas d'intoxication, les symptômes ressemblent à ceux d'une intoxication aux bêtabloquants, mais ils se manifestent plus lentement. Il suffit de doubler la dose prescrite pour déclencher des symptômes. Ceux-ci apparaissent plus ou moins rapidement en fonction de la préparation.
La digoxine est un médicament pour le cœur, qui améliore sa force de pompe tout en régularisant et en ralentissant son rythme. Le risque de surdosage est très élevé avec ce médicament, en particulier en cas de problèmes aux reins ou de prise d'autres médicaments qui ont une influence sur la quantité de digoxine dans le sang. Une intoxication se manifeste par une dégradation de l’état général, une confusion, un trouble de la vision des couleurs, des maux de tête, des convulsions, des troubles du rythme cardiaque, etc. Il existe un antidote.
Les médicaments contre l'épilepsie peuvent donner lieu à des problèmes de l’estomac et des intestins, une diminution de l’état de conscience, des convulsions, un affaiblissement de la respiration et de la circulation sanguine. Un traitement par dialyse rénale fait partie des options.
La chloroquine est utilisée pour prévenir et traiter le paludisme et les affections rhumatismales. Un surdosage peut entraîner une dépression rapide de la circulation sanguine et de la respiration. Dans ce cas, on administrera au plus vite du charbon de bois médicinal.
Le diagnostic est souvent très difficile à poser. Les emballages des médicaments permettent parfois au médecin d’estimer ce qui a été pris et en quelles quantités. En cas de suspicion d'intoxication médicamenteuse, le médecin cherche quel type de médicament a été pris et examine le pouls, la tension artérielle, l’état de conscience, les pupilles et la température corporelle. En cas de doute, il vous orientera vers le service des urgences. D’autres examens complémentaires (cœur, cerveau, respiration) sont également réalisés en fonction de la situation.
Respectez scrupuleusement les doses prescrites par le médecin. Si vous prenez des médicaments sans ordonnance, parlez-en au médecin ou au pharmacien. Informez toujours les médecins qui ne vous connaissent pas bien (spécialiste, médecin consulté en vacances ou en déplacement, etc.) des médicaments que vous prenez et de vos éventuels problèmes de reins ou de foie.
Le médecin peut adapter les doses de vos médicaments à votre situation spécifique et prendre en compte votre âge, votre poids, vos éventuels problèmes de reins ou de foie et les autres médicaments que vous utilisez.
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