De quoi s’agit-il ?
Les personnes avec un handicap intellectuel ont souvent des problèmes psychiques de causes très diverses.
Développement psychologique perturbé
Le handicap intellectuel a une influence sur la personnalité et sur l’acquisition des compétences et des capacités de compréhension. Les relations qu’une personne en situation de handicap intellectuel entretient avec ses parents et les autres membres de la famille peuvent être perturbées. Le handicap n’est pas accepté ou est caché, ou la personne avec un handicap intellectuel peut être surprotégée. Elle peut aussi faire l’objet d’un sentiment de honte, de mépris ou de violence.
Il est souvent difficile de bien connaître les capacités d'une personne en situation de handicap intellectuel et d'adapter ses attentes et ses exigences en fonction. La nécessité d’une aide au quotidien influence son évolution vers l’autonomie. En plus, le handicap intellectuel va souvent de pair avec des handicaps physiques. La personne est séparée de ses parents dans le cadre d’une hospitalisation et pour des examens à l’hôpital, ce qu’elle peut ressentir comme une menace.
Les relations amicales et sexuelles sont souvent compliquées et difficilement acceptées par les autres. Il est souvent hors de question d'avoir des enfants, même si la personne avec un handicap intellectuel les adore.
Causes physiques
La douleur (liée, par exemple, à une otite, un ulcère d’estomac, une sinusite, etc.) peut provoquer un état d’agitation.
Certains médicaments peuvent avoir des effets secondaires qui conduisent à des symptômes psychiques.
Le syndrome de Down est souvent associé à un trouble de la fonction thyroïdienne. Une thyroïde paresseuse (hypothyroïdie) peut provoquer des symptômes qui ressemblent à une dépression. Tandis qu’une thyroïde hyperactive (hyperthyroïdie) entraîne plutôt une agitation.
Expériences traumatiques et changements de vie
Les personnes en situation de handicap intellectuel sont facilement confrontées aux expériences d’échec, de violences physiques et morales et d'abus sexuel. Il n’est pas rare qu’elles soient victimes de harcèlement et de discrimination en raison de leur différence.
Les changements de vie et les crises ont une influence de longue durée et les symptômes n'apparaissent parfois qu’après un long délai, par exemple en cas de changements dans la famille (arrivée d'un nouveau-né, maladie, décès), après un emménagement dans une institution ou une habitation protégée.
Problèmes de communication
Souvent, les personnes en situation de handicap intellectuel ont des difficultés à communiquer et à se faire comprendre clairement. Ils ont parfois des troubles de la parole ou ne connaissent pas les mots justes.
Changements au sein de la communauté
Les personnes avec un handicap intellectuel font partie d'une communauté, parfois même de plusieurs : la famille, l'institution, l’atelier protégé. Or, chaque communauté a sa propre organisation et ses propres règles. La position dans le groupe peut changer, le personnel peut varier, les membres du personnel peuvent avoir une approche différente, ...
Les personnes en situation de handicap intellectuel peuvent avoir une réaction anormale face à la situation concrète, pour attirer l’attention ou pour être favorisées (et, par exemple, se voir déchargées d'une tâche).
Quelle est leur fréquence ?
Entre 30 et 50 % des personnes en situation de handicap intellectuel souffrent de problèmes psychiques. C’est au moins 2 à 3 fois plus que parmi les personnes sans handicap intellectuel.
Les plaintes psychiques sont parfois difficiles à reconnaître, notamment en raison des capacités de communication limitées.
Quels problèmes psychiques peut-on rencontrer ?
- Les troubles du spectre autistique se manifestent par une communication et des compétences sociales compliquées, ainsi que par un répertoire d’intérêts et d’activités stéréotypé et répétitif. Ils sont plus fréquents chez les personnes en situation de handicap intellectuel que chez les autres.
- Le trouble du déficit de l'attention avec hyperactivité (TDAH) se caractérise par une activité excessive, des problèmes de concentration, des gestes impulsifs et une agitation. Les personnes atteintes d’un TDAH sont très facilement distraites et incapables de fixer leur attention sur la même activité pendant un long moment.
- Les troubles de l’humeur (par exemple abattement, perte de joie de vivre) sont difficiles à exprimer pour les personnes en situation de handicap intellectuel. L’irritabilité, l’agressivité, les faits d’automutilation, les problèmes de concentration et les troubles du sommeil peuvent également révéler une dépression.
- L’agressivité et l’automutilation peuvent aussi venir d'un problème physique, comme la douleur, ou d’un problème de communication.
- Les troubles du comportement sont caractérisés par un comportement inadapté et répétitif, marqué par des accès de colère, une agressivité et un comportement destructeur.
- Le trouble de rumination peut coïncider avec une inflammation de l’œsophage par reflux (régurgitation d’acide gastrique et de nourriture), qui doit être traitée.
- Les formes inadaptées de sexualité se manifestent, par exemple, par une masturbation en présence d’autres personnes.
Que pouvez-vous faire ?
Cette problématique complexe demande un travail d'équipe impliquant un médecin, un psychologue, un psychiatre, une infirmière, les accompagnateurs, la famille, … Il faudra déterminer si les symptômes sont dus à une affection physique ou à une problématique psychiatrique. Les soignants disposent d'un certain nombre d’échelles d’évaluation pour ce faire.
Les affections sous-jacentes seront bien évidemment traitées en premier. Parfois, il sera opté pour un traitement par des médicaments avec les mêmes produits et en appliquant les mêmes principes que chez les personnes sans handicap. Les traitements psychiatriques ne seront naturellement donnés qu'après un diagnostic clair d’une affection psychiatrique. Ce qui n’est généralement pas le cas lors d'un trouble du comportement. Le médecin prescrit toujours la plus faible dose possible d'un médicament et évite l’utilisation de plusieurs médicaments en même temps.
Le résultat du traitement est évalué systématiquement. Les médicaments apportent un soutien aux autres formes de traitement, comme la kinésithérapie, la logopédie, l’ergothérapie, la musicothérapie, l’accompagnement psychique et la planification minutieuse d'un réseau stable permettant une occupation utile des journées.
L’accompagnement et les soins d'une personne avec un handicap intellectuel peuvent être lourds à porter pour la famille et les soignants. Ils doivent bénéficier d'une attention particulière et d’un soutien optimal. Il est essentiel pour tous de définir clairement qui fait quoi et de s’octroyer suffisamment de temps pour soi.
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